(Last update : Sat, 24 Jul 1999)
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(...)seignait que mon arrière-grand-père, venu à Cherbourg, fut employé dans le Port "à cachi les j'vaôs". Du côté de ma grand-mère paterne!le, cette tradition faisait naître une de ces trisaïeules à Rauville-la-Bigot en 1792 (ce qui était exact), et rapportait cette curieuse anecdote que, venue à Equeurdreville pour la première fois vers l'âge de 75 ans, elle n'avait encore jamais vu la mer.
En nous intéressant, en tmit que Manchois, à la généalogie, nous ne faisons que renouer avec une vieille tradition nordique, puisqu'un texte scandinave va jusqu'à nous dire qu'un personnage qui ne peut nommar les sept qui l'ont précédé est un homme de rien. Les sagas fourmillent d'éléments généalogiques.
Il n'est absolument pas dans mes intentions de faire ici un cours de recherches ou de méthode à des gens dont un certain nombre ont plus d'expérience que moi en la matière.
La mienne ne remonte au plus qu'à trois ou quatre ans, et l'objet mon propos est bien plutôt de faire part ici des difficultés que j'ai éprouvées jusqu'à maintsnant dans l'établissement de ma propre généalogie, et des solutions qui se sort offertes à moi.
Il s'agit là de problèmes touchant de nombreux chercheurs parmi ceux qui doivent travailler dans la Manche et dont les sinistres de 1944 sont la principale cause, puisque la source essentielle, à savoir la collection de registres d'Etat civil des Archives départementales, pour la plupart remontant à 1600, a irrémédiablement disparu, et qu'il en est parfois de même dans certaines communes pour les seconds exemplaires ou minutes.
Je me suis heurté â cet obstacle. Mon arrière-grand-père, Pierre-Paul Dupont (1812-1872), était né à Hardinvast. Après avoir épuisé les ressources du Greffe du Tribunal de Cherbourg, où je fus fort gracieusement accueilli par mon ancien condisciple, Me. Olivier de Fontaine de Resbecq, j'atterris à la Mairie de Hardinvast. Là, je trouvai un secrétaire, M. Miquelot, aussi aimable que compréhensif, et des registres remontant à 1683-84, mais je m'y aperçus aussi que les Dupont n'y figuraient pas avant 1719. L'acte de mariage de mon cinquième aïeul, François Dupont (1699-1771), du 27 juillet 1723, le disait originaire de Couville.
Hélas, Couville est une commune tout à fait démunie de registres anciens. La collection du Greffe, quoique remontant, par un hasard de reliure, à 1752, ne pouvait m'être d'aucun secours.
Or dans l'inùervalle, j'avais eu l'idée de rechercher dans les registres de la Conservation des Hypothèques de Cherbourg, aux Archives départemantales, quel avait pu être le sort des biens fonciers de mon trisaïeul Louis-Guillaume Dupont (1768-1843), que son acte de décès disait vivant de son bien à Hardinvast. Malgré l'absence des tables, restées à Cherbourg, au bout de 3 registres, j'avais trouvé la vente par licitation réalisée le 50 novembre 1843 par mon arrière-grand père et ses cinq frères vivants. L'acte me renvoyait a un partage du 11 mai 1777. Je le trouvai facilement dans le Notariat de Brix aux Archives et, en même temps, l'inventaire après décès de mon quatri7me aïeul, Guillaume-François Dupont, du 10 avril 1777,
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Les inventaires après décès sont toujours intéressants car il y a généralement inventaire de papiers.
Ceux de mon quatrième aïeul me faisaient connaître son père, sa mère, son grand-père et sa grand-mère, c'est-à-dire plus que m'en auraient appris, les précisions de dates mises à part, les registres de Hardinvast, à supposer que je les eusse utilisés seuls. Je trouvai également son contrat de mariage.
De fil en aiguiile et en remontant les actes du même tabellionage, que je dépouillais rapidement, regardant seulement les signatures ou les marques, utilisant en outre les renvois éventuels d'acte à acte, je constatai que les Dupont avaient surtout fréquenté le Notariat de Brix au 18ème siècle, puis je me trouvai, à la fin du 17ème, renvoyé au tabellionage de Breuville, enfin à celui de Rauville-la-Bigot-Breuville, toujours dans le même fonds. Dépouillant en outre trois liasses de celui de Saint-Christophe-du-Foc, faisant assez bizarrement partie du Notariat de Saint-Pierre-Eglise, bizarrerie qui n'est pas du tout imputable aux services des Archives départementales, je recueillis un nombre respectable d'actes allant du milieu du 17ème à la Révolution, fixai vers 1713 l'émigration à Hardinvast, pus déterminer les circonstances de l'émigration ultérieure vers Cherbourg alors en expansion, émigration ayant comporté deux vagues successives, et découvris nos ancêtres patronymiques, évanouis de l'état, civil, jusqu'au delà de la fin du 16ème siècle, soit mon neuvième aïeul.
Je ne dirai pas que je suis plus que satisfait, car malgré un recours, â continuer, aux archives de Me. Thomas, notaire aux Pieux, de l'accueil duquel je n'ai qu'à me louer, je piétine, l'acte le plus ancien relevé jusqu'ici étant de 1609, mon dixième aïeul Germain Dupont étant toutefois à peu près certainement identifié.
Je ne dirai pas non plus que je n'ai jamais été déçu. Ayant trouvé l'inventaire après décès de mon septième aïeul, François Dupont (+ 1683), tanneur à Couville, j'y rencontrai mention de son contrat de mariage, que je n'ai jamais pu découvrir. Probablement était-il sous seing privé (1), comme, je le pense, un nombre considérable d'actes de l'espèce, pourtant si précieux pour les généalogistes.
Pire, cans le même inventaire, était mentionné le contrat de mariage du père de François, André, mon huitième aïeul, passé devant Marin Le Connestable le 4 juin 1630. Les registres de ce Marin Le Connestable figurent dans le Minutier de Me. Thomas, mais, justement, celui de 1630 en est absent. Le trouverai-je un jour, cela, je l'ignore.
Mais j'espere vous avoir convaincus, si tant est qu'il en était parmi vous qui ne le fussent pas, de la valeur généalogique des tabellionages. Certes, on a rarement avec précision les dates de naissance, mariage ou décès, les inventaires permettent souvent de fixer la date de ces derniers, mais, pour ma part, j'avoue que, à tout prendre, les actes notariés, qui fort revivre à nos yeux nos ancêtres dans leur contexte familial et social, m'intéressent davantage que le pur et simple état civil.
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J'ai d'ailleurs déjà tiré de mes recherches la matière de quelques articles, et ces articles, sur les tanneurs ruraux, sur les Charités de Pâques, n'ont, à coup sûr, rien de spécialement généalogique.
Dois-je dire que l'Etat civil est lui-même parfois très décevant. J'en veux pour preuve celui du Vrétot (2), qui remonte pourtant à 1615, avec de brèves lacunes de 1628 à 1633, de 1641 à 1645, en 1675 et 1684. Aucun décés n'y est enregistré avant 1633, sauf un. De plus, les actes au l7ème sont extrêmement succincts et difficilement utilisables en cas d'homonymies: non indication des âges des décédés, filiations trop peu précises. Heureusement, quelques liasses du du Tabellionage de Bricquebec-Quettetot, aux Archives départementales (fonds de Brix) sont venues à mon secours.
L'absence d'un document ne doit pas faire désespérer le chercheur, et il saura au besoin se montrer ingénieux.
Sur ma septième aïeule Louise Toulorge, épouse de François Dupont, le tanneur, je ne possédais aucun renseignement. Mais j'ai trouvé mention et signatures à plusieurs reprises du beau-frère de François, Jean Toulorge, lui aussi tanneur, cette fois, à Tréauville, commune également dépourvue de registres. Il avait passé contrat de mariage (un second évidemment) le 17 septembre 1680 à Siouville, et ce contrat, dans le fonds de Valognes, Tabellionage des Pieux, aux Archives départementales, le dit fils de Thomas et de Jeanne Le Martrier. Je suis donc porté à considérer que ce sont là aussi les parents de ma septième aïeule.
Je sais bien qu'on pourrait me dire que Thomas Toulorge était susceptible d'avoir des enfants de deux lits, mais je ne crois pas cette objection très fondée. Jean Toulorge est bien qualifié d'oncle maternel du fils de Dupont et, en outre, j'ai retrouvé une quittance dudit François pour deux abbées d'arrérage de rente don de mariage à lui régélées par Louis Le Martrier, curé de Baubigny et frère de Jeanne Le Martrier précitée.
A. Durye, généalogiste patenté, qui cite un cas similaire de remontée par les collatéraux, le juge suffisamment probant et n'a même pas comme moi cette présomption supplémentaire que constitue la quittance en question.
Cette quittance, parfaitement identifiée grâce à la signature, qui, chez mon septième aïeul, est très caractérisée, où pensez-vous que j'aie pu la trouver? Dans les liasses du Fonds d'Hérissé-Descoqs, ce qui prouve qu'on peut faire des découvertes dans les collections les plus inattendues, voire les plus invraisemblables.
Ce fonds Descoqs provient de La Riquerie, au Mesnil Herman, donc fort loin de Couville et Treauville, et appartient partie à la Société (3), partie aux Archives. Il comporte entre
(2) Cet Etat-Civil intéresse
la quatrième branche des Dupont, la mienne, et n'est donc pas utilisédans
le présent travail.
(3) d'Archéologie et d'Histoire
de la Manche.
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