(Last update : Sat, 24 Jul 1999)
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XXIV - Alliés des Boucher. Les Guillebert (de Valognes).
Jacques Boucher (SD 462) avait épousé, le 19 octobre 1676, à Valognes, Anne Guillebert (SD 463).
1er degré
Julien Guillebert (SD 1652). Il épousa, à Valognes, le 27 juillet 1614, Catherine Morin (SD l853), présence de Pierre et Jean Morin entre autres.
Le 13 avril 1633, Julien Guillebert, bourgeois de Valognes, "ayant espouzé Catherine Mosrin, et tuteur de ses enfantz", vend à Me. Richard Le Roy, avocat, sieur de Basprey, bourgeois de Valognes, "dix perches de terre dans ung petit jardin plante en pommiers, nom(mé) Le Clos Mosrin, sis aud. Vall(ognes) proche des Portes à l'Evesque, le reste apparten(ant) aud. Le Roy ... tenus du Roi ... en franche bourgeoisie dud. Vall(ognes), ... lesd. dix perches de terre cy dev(ant) donnez aud. Guillebert par Pierre Mosrin, père de la deffuncte femme dud. Guillebert, le MariaGe faisant d'entre luy et sad. femme, recours aud. traicté de mariage dont led. sr. de Basprey est saisy ... et fut lad. vente faicte par le prix... de dix-huict livres dix solz t(ournoi)z, laquelle so(mm)e est demeurée aux mains dud. acquéreur... pour en faire, payer et continuer à l'advenir... aud. non (nom) dud. vendeur et néanmoins racquitab(le) ... le nombre de vingt cinq solz tz. de rente hypotecque par led. prix ce dix-huict livres dix solz; et, pour le vin du p(rése)nt, a esté payé aud. Guillebert la somme de trente solz... Le tout faict en la p(rése)nce et du consentement de Jean Mosrin, bourg(eois) de Vall(ognes) frère la femme dud. Guillebert..." (A.D. Manche 5 E 14 888).
Il semble bien, s'il ne s'agit pas d'un homonyme (la rédaction des actes étant tellement succincte à l'époque) que, veuf, Julien Guillebert se soit remarié, à Valognes, le 23 août 1626, avec Anne Le Devetain (lisez plutôt Divetain).
Le 20 juin 1627, Michel Grimot, Julien et Jacques Guillebert, père et fils, "du mestier de charpentier, demeurant aud. Vallongnes", s'obligent "f(air)e et placer tout ce qui est requis et nécessaire à ung pressoir et charterie aparten(ant) à noble ho(mm)e Me. Mathurin Lévesque, sieur et patron de Vains et de Boysfroult, con(seill)er ellu en l'elle(cti)on dud. Vallongnes, situez et assis en la bourgeoisie de ce lieu de Vallongnes du nomb(re) des maisons et mesnages dud. sr. de Boysfroult, scavoir f(air)e et placer par les dessusdictz l'émet (1), roseaux (2); chappeaux (3), ung haic(4) et des clefs (5), ceux cuves (6), l'une de deux bottes(7)et l'au(tr)e d'ung tonneau (6), avec une tinne (9), ung vis (10), ung escrou (11) le rouet (12) et molettes dud. pressoir, faire les meules (13), les aixes (14) et le bordage (15) du tour (16) tant dedans que dehors, la plancher de dessus (17) led. pressoir, au moyen que led. sieur Lévesque baillera les roués requis aud. plancher (18); seront aussy les dessusd. manouvriers tenus scier les ais (19) et embroisser led. plancher (20); seront aussy tenus iceulx charpentiers f(air)e et placer le boys de la charterie, en baillant par led. sieur ce qu'il a de chevrons et fillières (21) f(ai)tes; et g(é)n(ér)alem(ent) lesd. charpentiers seront tenus et se sont submis envers led. sr. Lévesque de faire bien et deubment et de placer et accommoder tout ce qui est de besoing et nécess(air)e à l'entière perfection tant dud. pressoir que de lad. charterie sans aulcune exception ny réserva(ti)on et ce dedans le premier jo(ur) de septemb(re) prochain venant; et est ce faict au moyen que led. sr. Lévesque sera tenu et s'est submis et obligé payer ausd. charpentiers la so(mm)e de quarante livres t(ournoi)z scavoir la moictié de lad. so(mm)e durant le temps qu'ilz feront la besongne et le reste apprès q(uli)l(s) auront parachevé et parvenu à l'entière perfection d'icelle; et à tout ce que dessus est dict deubment f(air)e et accomplir lesd. Grimot et Guillebert, père et filz, se sont obligez co(mm)e dessus est dict par insol(idité) et sans discution sur corps et biens, p(rése)ns à ce po(ur) tesmoings Jean Orenge, escuyer, sergeant royal aud. Vallongnes, Guill(aum)e Le Hardeley, sr. de la Fontenelle, et Rob(ert) Gaultier, demeurant aud. Vall(ognes)"(A.D. Manche, 5 E 14 579).
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Le 27 mars 1629, Julien Guillebert, maitre charpentier, bourgeois demeurant à Vallognes, s'engage envers Jeanne Régnier, femme civilement séparée quant aux biens d'avec Geoffroy Couppé. bourgeois de Valognes, son mari, "de mettre et placer... en une maison a parten(ant) à lad. Régnier", à Valognes, rue de la Poterie, "scavoir une brebis (22), ung mouton a pressoir (23), avec quattre jemelles (24), les chiens (25), le suif, quattre liens (26), ung esmay avec chappeaux et rozeaux et ung haic qui sera faict de la vie(i)lle planche de l'esmay qui est de p(rése)nt dans lad. maison, retailler et recoupper deux cuves, f(air)e une tinne neufve et générallem(ent) faire toutes les choses requises et nécessaires po(ur) la perfection dud. pressoir et le rendre dans le premier jour d'aoust prochain ve(n)ant accomply, pres(t) et en estat de travailler, garny de toutes circonstances et dépendances, réservé le tour, les meulles, le vis, le rouet, l'escreu (lisez écrou) et deux aigneaulx (27) que lad. Régnier a dict avoir et s'est obligée fournir et bailler, à la charge outre par lad. Régnier de fournir et bailler sur la pl~.tce ùout le boys en blotêDron (28) ou autre propre, convenable et requis par l'accomplissement du pressoir; sera aussi tenu led. Guillebert et s'est submis et obligé vu(i)der entièrem(ent) et à ses fraiz toutes les pièces de bois estant de p(rése)nt dans led. pressoir pour y apposer et placer toutes les au(tr)es pièces de boys et u(s)tencilles qui sont requis et nécessa(ir)es estre apposées dans led. pressoir po(ur) son entière perfection, co(mm)e aussy led. Guillebert s'est submis et obligé à ses frais co(mm)e dict est la vie(i)lle pièce de boys appellée la brebis ou mouton po(ur) f(air)e la planche de l'émet d'icelluy pressoir, ainsy que la tine estant au service et usage d'icelluy, et générallemm(ent) led. Guillebert sera tenu et s'est submis et obligé rendre led. pressoir entièrem(ent) parfaict pour piller, sidrer et pressurer, et sans rien excepter ny réserver; et fut le p(rése)nt marché faict et convenu entre les parties par le prix et so(mm)e de vingt et cinq livres t(ournoi)z et vingt solds po(ur) vin, led. vin p(rése)nt(ement) payé par lad. fe(mm)e aud. Guillebert, et lad. so(mim)e de vingt et cinq livres t(ournoi)z payable aud. Guillebert à trois termes, scavoir, le premier dans le jo(ur) de Pasques fleuries (les Rameaux), le second terme de la Pentecoute prochaine ensuivante, et le trois(ièm)e et dernier terme apprès l'accomplissem(ent) et entière perfection dud. pressoir; led. Guillebert, ou(tr)e tout ce que dess(us), sera tenu et s'est obligé faire, accommoder et asseoir entièrem(ent) le bordage du tour dud. pressoir; et, a esté payé par lad. Régnier aud. Guillebert la so(mm)e de vingt solz t(ournoi)z à déduire sur le prin(cip)al..." (A.D. Manche, 5 E 14 581).
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Notes. Au sujet du pressoir à longue étreinte, cf. R. G. de Beaucoudrey, Le langage normand au début du XXe siècle. Noté sur place dans le canton de Percy (Manche), p. 346-346; J. Mauvoisîn, Le cidre à l'ancienne: La pilaison au tour en pierre et au pressoir à longue étreinte, dans Parlers et Traditions de Normandie, fasc. 53, Saint-Michel 1981, p. 13-24.
(1) émet, partie du pressoir sur laquelle on asseoit le marc, formé ce planches larges et épaisses, soigneusement jointes.
(2) roseaux, rebords de l'émet, qui retiennent le jus.
(3) chapeaux , pièces de bois fixées horizontalement à la partie supérieure.
(4) haic, ensemble de planches qu'on place sur le marc
(5) clefs, morceaux carrés de bois de 80 à 90 cm de long servant à régler le mouvement du mouton en les plaçant alternativement dessous et dessus le bout pour l'exhausser et l'abaisser à mesure que le marc diminue d'épaisseur.
(6) cuves, récipient en partie placé sous l'émet pour recevoir le jus. Souvent de taille imposante.
(7) botte, correspond à un tonneau d'environ 1200 litres.
(8) tonneau, vaut, en Normandie, 3 muids de Paris, soit 3 fois 268 litres.
(9) tinne, sorte de tonneau ou baquet portable.
(10) vis, en bois, elle, sert au serrage du mouton. Le mot est masculin en normand, donc dans notre texte.
(11) escrou. L'écrou est un gros bloc de bois, fileté, posé sur la fourche du mouton et articulé souplement sur lui, afin qu'il se maintienne constamment dans l'axe de la vis.
(12) rouet, roue de bois fixée à la vis et servant à la faire tourner pour relever ou faire descendre le mouton. Il comporte des chevilles verticales servant de poignées.
(13) meules. Il y en a deux au tour à pommes. Elles sont en bois.
(14) aixes. Il faut sûrement lire axes.
(15) bordage. La mention de ce bordage, ou bordure indique que le tour à pommes est un tour en bois, encore courant au l8ème siècle, et qui ne se rencontre maintenant que dans le pays d'Auge. Ailleurs, les gattes, auges circulaires, sont en pierre.
(16) tour. C'est le spectaculaire moulin à pommes, généralement mu par un cheval.
(17) plancher. On dirait maintenant le plafond. Il s'agit d'un demi-plafond, qui ne recouvre que le tour et pas le pressoir. Il sert de grenier à pommes.
(18) roués requis aud. plancher, les solives qui le soutenaient.
(19) ais, planche de bois.
(20) embroisser, embroncher, terme de charpenterie, engager des pièces de bois les unes sur les autres.
(21) fillières. petites pièces de bois, sur lesquelles portent les chevrons.
(22) brebis, l'une des deux poutres maîtresses du pressoir. Posée sur le sol et éventuelleiment étayée. Formée d'un arbre à peine équarri.
(23) mouton à pressoir. L'autre poutre maîtresse qui, située en dessus, exerce sa pression sur le marc. Faite également d'un arbre grossièrement équarri, son extrémité, du côté de la vis, présente une fourche dans laquelle passe ladite vis.
(24) jémelles. Comme gémeau, forme ancienne pour jumelles. Montants verticaux, placés de part et d'autre de l'émet. Elles servent à maintenir le mouton en place. Il y en a deux paires. Celles qui sont situées du côté opposé à la fourche du mouton reçoivent les clefs.
(25) chiens, des accessoires d'assemblage, je suppose.
(26) liens. S'agit-il de ligatures ou de pièces de bois placées obliquement dans l'angle formé par deux pièces assemblées, pour renforcer ?
(27) aigneaulx. Les agneaux flanquent, de chaque côté, les brebis et supportent l'émet.
(28) blotteron . Terme déjà rencontré page 95 supra et malheureusement inidentifié.
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Enfants de Julien Guillebert:
1. Jacques Guillebert l'aîné. Est-ce lui qui épouse, à Valognes, le 4 février 1635, Thomasse Enault ? Un autre mariage d'un Jacques Guillebert demeurant à Alleaume, est célebré à Valognes le 25 novembre 1642, avec Guyonne Le Monnier, veuve de Thomas Le Conte. S'agit-il du même ? Les actes de l'époque sont si succincts qu'en l'absence de T.M., il est impossible de se prononcer. Jacques l'aîné est présent au T.M. de son frère Jacques le jeune le 14 juillet 1647.
2. René Guillebert. Il est présent au T.M. précité et à ceux de son frère Guillaume
3. Guillaume Guillebert, qui suit au 2ème degré.
4. Jacques Guillebert le jeune. Il esi qualifié tel dans son acte de mariage avec Guillemine Girette, fille de Noël et de Jacqueline Le Roy, d'Alleaume, mariage célébré à Valognes le 5 février 1648, présence de Me. Richard Le Roy, avocat, sieur de Basprey, Me. Jean Le Roy, la mère de l'épouse, le père de l'époux, Jacques Guillebert l'aîné. Le T.M. est du 14 juillet 1647, reconnu le 26 décembre 1654, et passé présence notamment de Jacques (l'aîné), René et Guillaume Guillebert, frères de l'époux (A.D. Manche, 5 E 14 903 pièce en mauvais état).
2ème degré
Guillaume Guillebert (SD 926). Il épousa à Alleaume,
1°, le 30 novembre 1645, Guillemine Blondel, fille de Guyon et de Jeanne Le Pesqueur, d'Alleaume. Le T.M. est du 12 novembre 1645, passé présence de Julien Guillebert, père du futur, René et Jacques Guillebert, ses frères (A.D. Manche, 5 E 14 597);
2°, le 15 juillet 1653, Guillemette Lucas (SD 527) fille d'Etienne (SD 1854) et de Jeanne Le Saché (SD 1855), de Brix. Le T.M. est du 29 avril précédent, passé présence, entre autres de René Jacques et Jacques dits Guillebert, frères du futur. La dot est de 64 livres en deux obligations, dont les mariés se feront payer pour constituer en rente au taux de l'ordonnance du roi, le don mobil de 36 livres. Ledit T.M. sera reconnu le 16 septembre 1655, par Etienne Lucas et sa fille Guillemette, "à présent v(eu)ve dud. Guill(aum)e Guilbert et ayant renoncé à sa succession" (A.D. Manche, 5 E 14 610).
D'où: Anne Guillebert (SD 463), épouse de Jacques Bouchier (SD 462).